DÉFINITION DE LA PARAPSYCHOLOGIE

 

Métapsychique et parapsychologie en France

 

C’est de France qu’était venue, avec Mesmer et Puységur, l’impulsion qui a abouti à la naissance des sciences psychiques anglaises ; et c’est d’Angleterre que revient le courant qui va conduire à la naissance des recherches psychiques françaises sous leur forme moderne. En 1905, le physiologiste Charles Richet propose le terme de métapsychique pour désigner un nouveau programme de recherche visant à explorer les phénomènes que l’on dit aujourd’hui paranormaux. Ce programme de recherche a deux branches, une branche subjective et une branche objective.

La métapsychique subjective étudie tous les phénomènes psychiques qui semblent avoir pour trait commun d’impliquer un transfert d’information s’opérant en dehors des canaux sensoriels connus ; ce faisant, elle distingue trois grands modes de communication : la télépathie, qui caractériserait les échanges d’esprit à esprit, la clairvoyance, qui concernerait l’accès direct du psychisme aux choses, et la précognition, ou connaissance du futur .

Quant à la métapsychique objective, qui constitue l’autre branche de la nouvelle science, elle a pour objet toutes les formes d’action supposées de l’esprit sur la matière, comme les télékinésies, les phénomènes de lévitation, etc.

En 1919, l’Institut Métapsychique international (IMI) est porté sur les fonts baptismaux par Charles Richet, nobélisé en 1913 pour sa découverte du choc anaphylactique. L’ IMI est reconnu d’utilité publique par un décret du 23 avril 1919. Le docteur Gustave Geley en assume la présidence et, l’année suivante, fonde la Revue métapsychique. Geley est spiritualiste ; mais l’IMI, comme société savante, ne se réclame pas du spiritualisme, ou d’une doctrine philosophique particulière. Ainsi, son deuxième président, le docteur Osty, est un adversaire du spiritisme ; il pense que les facultés médiumniques s’expliquent par des potentialités cachées de l’être humain et il n’estime pas nécessaire, pour rendre compte des phénomènes dits paranormaux, de faire appel aux esprits des morts. Quant à Richet, il a toujours affiché son matérialisme. Diverses tendances , qui expriment des sensibilités personnelles, coexistent donc à l’origine au sein de l’Institut, mais, peu à peu, c’est le courant incarné par Osty qui va l’emporter. Vers 1935, la scission avec le spiritisme est consommée. En 1924, Geley est tué dans un accident d’avion, alors qu’il rentrait d’un congrès tenu à Varsovie. Le docteur Osty prend la relève et devient le président de l’IMI ; il le restera jusqu’à sa mort, en 1938. Ensuite, jusqu’en 1946, Eugène Lenglet assumera cette tâche. C’est la grande époque de la métapsychique.

Pendant ces deux décennies, l’Institut va devenir un foyer de recherche et de culture ; il va conduire des travaux expérimentaux sur la télépathie, sur les phénomènes de la médiumnité physique, sur l’art médiumnique ; mais il va également entreprendre des recherches historiques et esquisser une réflexion philosophique sur les implications des phénomènes dits paranormaux. Mais, après la Deuxième guerre mondiale, le monde a changé. Avec l’essor de la philosophie marxiste, du structuralisme, de la psychanalyse, des sciences humaines, l’ancien questionnement métapsychique paraît désormais relever d’un spiritualisme désuet, voire suspect.

Vers 1960, la métapsychique sort de l’horizon de la pensée contemporaine, et rares sont ceux qui, de nos jours, sont encore capables de reconnaître son empreinte passée. Son refoulement et son oubli sont pour le sociologue un phénomène révélateur. Elle a été « oubliée » parce que les phénomènes qu’elles prétend objectiver invitent à un questionnement radical sur l’être humain et son insertion dans la réalité. Mais un tel questionnement est une entreprise au long cours et les fluctuations de sa réception sociale n’ont jamais interrompu les activités de l’IMI. Sous la direction du docteur Larcher, l’Institut a continué ses travaux alors que sa réception sociale était au plus bas.

Aujourd’hui, il se prépare à un nouveau cycle d’intervention culturelle, en dirigeant vers des thèses une meute de brillants étudiants. C’est de ce côté que le changement viendra.